27.3.07

Ségolène Royal : du public au privé

Parmi ses 100 propositions pour la France Mme Royal n’en retient que deux pour la culture : « soutenir la création et l’emploi culturel » et « inscrire l’éducation artistique et la pratique artistique à tous les niveaux de la maternelle à l’université ». Devant une telle vision d’avenir j’étais obligée de consulter directement le projet socialiste qui consacre deux paragraphes à la culture entre l’immigration et le sport. Heureusement le meeting qui s’est tenu à Nantes ce 26 mars apporte plus d’informations. Le petit commentaire que je vous présente est donc un mélange de tout ça.

Le projet culturel socialiste parle à tous : des identités culturelles régionales à une politique culturelle européenne, de l’accès de tous à la culture à l’éducation à l’image et, bien sûr, de l’augmentation du budget au développement de l’emploi culturel chacun peut trouver de quoi se contenter. Mais aucune de leurs propositions n’est ambitieuse, peut-être est-ce par manque d’une vision d’avenir pour la France ? Leur action est très orientée vers les médias avec une « taxation des recettes publicitaires des chaînes privées en faveur de l’audiovisuel public » ainsi que la volonté de limiter le contrôle de pans entier des médias et du secteur culturel par des grands groupes.

La nouveauté du discours de Nantes, selon moi, est une orientation de la politique culturelle socialiste vers le secteur privé : « soutien massif aux PME innovantes dans le domaine culturel et les médias » ; « extension de la loi Sueur pour le cinémas d’art et essai aux librairies de proximité » ; « Réactiver le marché de l’art contemporain ». Ainsi la relance de la création et de l’action culturelle passerait par le soutien à des initiatives privées et à un niveau territorial principalement. La volonté semble être de favoriser le dynamisme culturel sans modifier les institutions culturelles en place.

Peut-on considérer cette orientation comme un désengagement du secteur publique dans l’action culturelle ? Est-ce véritablement une politique de gauche ?

Culture et présidentielle

2007 Culture.Org - Un combat pour la création
Je n'espérais pas faire preuve d'une grande originalité en m'intéressant à la culture dans le débat présidentiel mais simplement ajouter ma petite pierre à l'édifice (comme on dit). Disons que ce site construit tout un muret...

23.3.07

FRAAP fort!

FRAAP - Fédération des Réseaux et Associations d’Artistes Plasticiens | La FRAAP s'adresse aux candidat(e)s à l'élection présidentielle

Encore une initiative de professionnels: les plasticiens cette fois. Décidemment le monde de la culture ne se laissera pas exclure des débats de cette présidentielle et tant mieux. Je suis également heureuse que le débat culturel ne se limite pas au problème du régime intermittent (qui doit être traité très sérieusement) mais s'étend à tous les acteurs culturels. A lire également sur le site du FRAAP les réponses de Ségolène Royal et Dominique Voynet.

Manifeste pour une autre économie de la culture

manifeste-2.pdf (objet application/pdf)

A lire ou au moins à consulter car il est toujours intéressant de découvrir de nouvelles façons de penser l'action culturelle et leurs possibilités.

19.3.07

Nicolas Sarkozy : une culture d’apparat

La vraie originalité du discours de Nicolas Sarkozy en matière de culture réside dans cette proposition : « Il faut regrouper la direction des médias, le ministère de la culture et l’Education nationale sous l’égide d’un seul ministère. »
Fusionner ainsi l'Education et la culture ne s'était pas vu depuis les années cinquante. Sous couvert de renforcer le poids politique et financier du ministre de la culture, NS retourne à une époque où la culture n’existait que dans une valeur pédagogique, d’éducation du petit citoyen. La part culturelle de ce ministère ne risquerait-elle pas d'être subordonnée à l’Education ? Le budget de ce ministère serait-il plus important que l’addition des différents budgets aujourd’hui ?
« Les dépenses de fonctionnement du ministère de la Culture sont passées de 5 à 25% du budget en 40 ans. C’est excessif. » Cette citation nous incite à en douter.
Il y a 40 ans, avec Malraux, le Ministère de la culture n’en était qu’à ses balbutiements, il n’y avait que peu de dépenses de fonctionnement, en effet. Beaucoup d’institutions culturelles se sont créées depuis dont le ministère doit assurer le bon fonctionnement. Que compte-il faire pour réduire ces dépenses ? Certainement, continuer le mouvement de décentralisation et transférer la responsabilité de ces établissements aux collectivités territoriales.

« Fixons des obligations de résultat aux établissements culturels en matière de mécénat. »
« Il faut confier l’attribution des aides à la création et des budgets du spectacle vivant à des agences indépendantes composées en priorité d'artistes, de professionnels et de représentants du public. En contrepartie, le gouvernement doit fixer des objectifs d’intérêt général à ces aides »
On voit ici l’importance de « l’objectif » à imposer aux acteurs culturels, mettant ainsi implicitement en doute leur légitimité à recevoir les aides de l'Etat. Aujourd’hui ce sont des comités d’experts réunis par les DRAC qui évaluent la qualité artistique des projets dans lesquels de l’argent public va être investi. En quoi leurs jugements sont-ils moins valables que ceux des agences que propose NS ?

Au travers d’un discours sur la culture, NS ajoute un argument en faveur de sa politique d’«émigration choisie» : « Une priorité est également de réformer notre politique d’accueil des étudiants étrangers. C’est en formant en France l’élite des pays étrangers que nous assurons le mieux le rayonnement de notre langue et de notre culture. »
« Veiller à accueillir, dans le cadre de notre nouvelle politique, les futures élites intellectuelles des pays étrangers »
Cependant, si cette idée d’élite est mise en valeur avec l’immigration choisie, elle est plus délicate en matière de culture : « Pour moi la culture n’est pas réservée seulement à quelques privilégiés, elle n’est pas que pour une petite élite. »

« Il faut réduire les effectifs de nos ambassades dans l’Union européenne au profit d’une plus forte présence culturelle, avoir une réflexion stratégique sur le déploiement géographique du réseau, mieux répartir nos dépenses avec moins de coûts de structures, plus d’enseignement du français, plus d’artistes français diffusés à l’étranger, plus de coopération avec de grandes institutions culturelles internationales. »
La France profite du meilleur réseau culturel à l'étranger. Il est effectivement l'héritier de la diplomatie française durant tout le vingtième siècle et peut éventuellement faire l'objet d'une réorganisation, mais comment faire autant de « plus » avec une réduction des effectifs et moins de coûts ?

Sur les sites Internet officiels de l’UMP ou de la campagne de Nicolas Sarkozy il est bien difficile de trouver des propositions en matière de culture. J’ai donc dû me rabattre sur un billet du blog de NS et sur son récent discours prononcé à Besançon. Il ressort de leur lecture une tendance au dénigrement des actions existantes, en particulier en matière d'éducation artistique mais surtout que, pour NS, la culture ne vaut pas pour elle-même mais comme carte de visite de la France à l’étranger et surtout comme faire-valoir à ses politiques d’impôts ( favoriser le mécénat par la réduction de l’ISF) et d’immigration, comme je l’ai souligné plus haut.

18.3.07

Quel est le programme ?

A l’instar de Maître Eolas en ce qui concerne la justice, je souhaiterai examiner d’un peu plus près les programmes électoraux de nos prétendants à la Présidence de la République en matière de culture. Je vais ainsi tenter de faire un billet par candidat d’ici au premier tour de l’élection.

Il faut noter que depuis « l’appel aux candidats » lancé par le site Horschamp/Cassandre, la demande de prise en compte des questions culturelles dans cette campagne a été relayée par un nombre croissant de médias (à noter : le très commenté article de Télérama). Segolène Royal a même fait un meeting spécial « culture » (pour se rattraper ?) avec des soutiens éclectiques, de Jeanne Moreau à Marianne James.

Je pars donc à la recherche des propositions de politique culturelle en tentant d’être la moins partisane possible et dans l’espoir d’enclencher une discussion avec vous.

14.3.07

Médiation or not Médiation...

L'action culturelle est affaire de passion et de convictions, c'est sans doute ce pourquoi les acteurs culturels débattent sans cesse de questions artistiques, éthiques et politiques autour de leur métier.
Une de ces questions me concerne directement: la médiation...
Cette notion est utilisée tous azimuts autour des "quartiers sensibles", des tribunaux, des écoles, des médias (beaucoup, beaucoup...) et ce qu'on en retient est de l'ordre du lien entre deux parties, le plus souvent en conflit (voir la notice wikipédia à ce sujet).

Alors que vient-elle faire dans la culture?
Le médiateur culturel cherche à faire le lien entre le public et l'oeuvre, de là à en conclure qu'ils sont en conflit... La différence entre le guide (connu et reconnu depuis longtemps par tous) et un médiateur est dans la place accordée au visiteur: avec un guide il reste passif et reçoit le savoir, avec un médiateur il est actif et on cherche à lui donner les moyens d'accéder à l'oeuvre. Aujourd'hui, nombre de guides dans les musées changent simplement de badge pour devenir des "médiateurs".

Les membres de la revue Cassandre, qui apporte une réflexion essentielle sur la création contemporaine, ont tenu lors d'une émission radio de France Culture des propos contre la médiation culturelle qui ne peuvent que me faire réagir...dont acte. Selon eux, une oeuvre qui aurait besoin d'un intermédiaire pour que le public puisse se l'approprier serait une "oeuvre ratée". Evidemment, dans un monde idéal chaque oeuvre serait universelle et chacun serait telle une page vierge qui n'attendrait qu'à recevoir le rayonnement si puissant de l'oeuvre pour y imprimer sa marque indélébile. Malraux y croyait aussi, c'est le principe de "l'art élitaire pour tous".

Malheureusement nous ne vivons pas dans un monde idéal et nous ne pouvons pas nier ainsi l'individu face à l'oeuvre.
Chacun est porteur d'une éducation, de marqueurs sociaux propres à une personnalité, une famille, un groupe social, une société; tout cela crée un filtre entre nous et l'oeuvre. Ce filtre peut nous permettre de l'apprivoiser mais il peux également la cacher à notre regard. Bien souvent les gens se sentent intimidés, perdus face à une oeuvre, en particulier contemporaine, ils ne font pas confiance à leurs yeux, à leur cerveau, à leur ventre et se réfugient dans le rejet (l'éternel "ma fille de 3 ans peut mieux faire!!").

C'est à ça que sert la médiation: donner les outils pour dépasser les appréhensions et s'ouvrir à sa propre perception! En tout cas, moi, j'y crois...

10.3.07

Welcome!!

Bienvenue sur ce nouveau petit blog qui a pour seule prétention de devenir un lieu de réflexion et de discussion autour de l'art et de la culture. Je ne souhaite pas faire de critique artistique ou d'agenda culturel mais plutôt réfléchir avec vous aux enjeux de politique culturelle dans notre société.
Le nom de ce blog fait simplement référence au concept de République Géniale de Robert Filliou dans laquelle chacun exprimerait son "génie"... Internet et les blogs ne seraient-ils pas le début du commencement de cette République?
L'utilisation de ce concept dans la campagne pour la présidentielle de José Bové m'oblige à signifier que j'en suis totalement indépendante. J'apprécie néanmoins cette tentative de faire entrer la culture dans le discours politique.