19.3.07

Nicolas Sarkozy : une culture d’apparat

La vraie originalité du discours de Nicolas Sarkozy en matière de culture réside dans cette proposition : « Il faut regrouper la direction des médias, le ministère de la culture et l’Education nationale sous l’égide d’un seul ministère. »
Fusionner ainsi l'Education et la culture ne s'était pas vu depuis les années cinquante. Sous couvert de renforcer le poids politique et financier du ministre de la culture, NS retourne à une époque où la culture n’existait que dans une valeur pédagogique, d’éducation du petit citoyen. La part culturelle de ce ministère ne risquerait-elle pas d'être subordonnée à l’Education ? Le budget de ce ministère serait-il plus important que l’addition des différents budgets aujourd’hui ?
« Les dépenses de fonctionnement du ministère de la Culture sont passées de 5 à 25% du budget en 40 ans. C’est excessif. » Cette citation nous incite à en douter.
Il y a 40 ans, avec Malraux, le Ministère de la culture n’en était qu’à ses balbutiements, il n’y avait que peu de dépenses de fonctionnement, en effet. Beaucoup d’institutions culturelles se sont créées depuis dont le ministère doit assurer le bon fonctionnement. Que compte-il faire pour réduire ces dépenses ? Certainement, continuer le mouvement de décentralisation et transférer la responsabilité de ces établissements aux collectivités territoriales.

« Fixons des obligations de résultat aux établissements culturels en matière de mécénat. »
« Il faut confier l’attribution des aides à la création et des budgets du spectacle vivant à des agences indépendantes composées en priorité d'artistes, de professionnels et de représentants du public. En contrepartie, le gouvernement doit fixer des objectifs d’intérêt général à ces aides »
On voit ici l’importance de « l’objectif » à imposer aux acteurs culturels, mettant ainsi implicitement en doute leur légitimité à recevoir les aides de l'Etat. Aujourd’hui ce sont des comités d’experts réunis par les DRAC qui évaluent la qualité artistique des projets dans lesquels de l’argent public va être investi. En quoi leurs jugements sont-ils moins valables que ceux des agences que propose NS ?

Au travers d’un discours sur la culture, NS ajoute un argument en faveur de sa politique d’«émigration choisie» : « Une priorité est également de réformer notre politique d’accueil des étudiants étrangers. C’est en formant en France l’élite des pays étrangers que nous assurons le mieux le rayonnement de notre langue et de notre culture. »
« Veiller à accueillir, dans le cadre de notre nouvelle politique, les futures élites intellectuelles des pays étrangers »
Cependant, si cette idée d’élite est mise en valeur avec l’immigration choisie, elle est plus délicate en matière de culture : « Pour moi la culture n’est pas réservée seulement à quelques privilégiés, elle n’est pas que pour une petite élite. »

« Il faut réduire les effectifs de nos ambassades dans l’Union européenne au profit d’une plus forte présence culturelle, avoir une réflexion stratégique sur le déploiement géographique du réseau, mieux répartir nos dépenses avec moins de coûts de structures, plus d’enseignement du français, plus d’artistes français diffusés à l’étranger, plus de coopération avec de grandes institutions culturelles internationales. »
La France profite du meilleur réseau culturel à l'étranger. Il est effectivement l'héritier de la diplomatie française durant tout le vingtième siècle et peut éventuellement faire l'objet d'une réorganisation, mais comment faire autant de « plus » avec une réduction des effectifs et moins de coûts ?

Sur les sites Internet officiels de l’UMP ou de la campagne de Nicolas Sarkozy il est bien difficile de trouver des propositions en matière de culture. J’ai donc dû me rabattre sur un billet du blog de NS et sur son récent discours prononcé à Besançon. Il ressort de leur lecture une tendance au dénigrement des actions existantes, en particulier en matière d'éducation artistique mais surtout que, pour NS, la culture ne vaut pas pour elle-même mais comme carte de visite de la France à l’étranger et surtout comme faire-valoir à ses politiques d’impôts ( favoriser le mécénat par la réduction de l’ISF) et d’immigration, comme je l’ai souligné plus haut.

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