14.3.07

Médiation or not Médiation...

L'action culturelle est affaire de passion et de convictions, c'est sans doute ce pourquoi les acteurs culturels débattent sans cesse de questions artistiques, éthiques et politiques autour de leur métier.
Une de ces questions me concerne directement: la médiation...
Cette notion est utilisée tous azimuts autour des "quartiers sensibles", des tribunaux, des écoles, des médias (beaucoup, beaucoup...) et ce qu'on en retient est de l'ordre du lien entre deux parties, le plus souvent en conflit (voir la notice wikipédia à ce sujet).

Alors que vient-elle faire dans la culture?
Le médiateur culturel cherche à faire le lien entre le public et l'oeuvre, de là à en conclure qu'ils sont en conflit... La différence entre le guide (connu et reconnu depuis longtemps par tous) et un médiateur est dans la place accordée au visiteur: avec un guide il reste passif et reçoit le savoir, avec un médiateur il est actif et on cherche à lui donner les moyens d'accéder à l'oeuvre. Aujourd'hui, nombre de guides dans les musées changent simplement de badge pour devenir des "médiateurs".

Les membres de la revue Cassandre, qui apporte une réflexion essentielle sur la création contemporaine, ont tenu lors d'une émission radio de France Culture des propos contre la médiation culturelle qui ne peuvent que me faire réagir...dont acte. Selon eux, une oeuvre qui aurait besoin d'un intermédiaire pour que le public puisse se l'approprier serait une "oeuvre ratée". Evidemment, dans un monde idéal chaque oeuvre serait universelle et chacun serait telle une page vierge qui n'attendrait qu'à recevoir le rayonnement si puissant de l'oeuvre pour y imprimer sa marque indélébile. Malraux y croyait aussi, c'est le principe de "l'art élitaire pour tous".

Malheureusement nous ne vivons pas dans un monde idéal et nous ne pouvons pas nier ainsi l'individu face à l'oeuvre.
Chacun est porteur d'une éducation, de marqueurs sociaux propres à une personnalité, une famille, un groupe social, une société; tout cela crée un filtre entre nous et l'oeuvre. Ce filtre peut nous permettre de l'apprivoiser mais il peux également la cacher à notre regard. Bien souvent les gens se sentent intimidés, perdus face à une oeuvre, en particulier contemporaine, ils ne font pas confiance à leurs yeux, à leur cerveau, à leur ventre et se réfugient dans le rejet (l'éternel "ma fille de 3 ans peut mieux faire!!").

C'est à ça que sert la médiation: donner les outils pour dépasser les appréhensions et s'ouvrir à sa propre perception! En tout cas, moi, j'y crois...

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